Science sans conscience
Et si on appliquait cette phrase à l'IT d'aujourd'hui ?
𝑺𝒄𝒊𝒆𝒏𝒄𝒆 𝒔𝒂𝒏𝒔 𝒄𝒐𝒏𝒔𝒄𝒊𝒆𝒏𝒄𝒆 𝒏'𝒆𝒔𝒕 𝒒𝒖𝒆 𝒓𝒖𝒊𝒏𝒆 𝒅𝒆 𝒍'𝒂̂𝒎𝒆. 𝑹𝒂𝒃𝒆𝒍𝒂𝒊𝒔,1532.
Un projet technologique n'est jamais neutre.
Parce qu'un système n'est jamais isolé.
Il s'inscrit dans un environnement humain, culturel, politique.
Et dès qu'il est déployé, il produit des effets qui dépassent la technique.
S'il modifie des outils, il modifie aussi les pratiques.
S'il redéfinit des processus, il redéfinit aussi des rôles.
Et en agissant sur les rôles, il agit sur les rapports de pouvoir.
En transformant les usages, il touche aux habitudes.
Et en modifiant les habitudes, il remue les repères implicites qui fondent une organisation.
Un projet IT agit en cascade :
Ce qui semble purement fonctionnel devient structurel.
Ce qui est présenté comme neutre devient politique.
Ce qui est pensé pour gagner du temps peut, sans conscience, créer des frictions.
Le cœur du projet ne réside donc pas uniquement dans son périmètre technique,
mais dans sa capacité à prendre en compte ce qu'il transforme : la dynamique collective, la culture des métiers, le sens des actions quotidiennes.
Si l'IT agit comme un système nerveux,
alors ce qui fait sens, ce n'est pas le signal.
C'est la conscience qui l'interprète.
Et cette conscience, c'est l'humain.
Demain, ce ne sont pas les projets les plus outillés qui feront la différence,
mais ceux pensés dans leur complexité systémique.
Avec une lecture sociologique aussi fine que la lecture fonctionnelle.
Avec un regard capable de dire :
« Ce que l'on modélise ici, transforme déjà autre chose, ailleurs ».